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nait à Vélasquez, et qu’elle ne pouvait lui être ôtée sans injustice ; mais, insistant sur le caractère de Cortez, il prétendit qu’on ne pouvait prendre de confiance aux intentions d’un aventurier qui avait commencé par une révolte scandaleuse contre son bienfaiteur et son maître ; et que, dans des contrées éloignées, on ne devait attendre que des désordres d’une si mauvaise source. Il protesta de tous les malheurs que l’avenir présentait à son imagination. Enfin ses remontrances ébranlèrent le cardinal et les ministres du conseil jusqu’à leur faire prendre le parti de remettre la décision au retour de l’empereur. L’unique grâce qu’ils accordèrent pendant ce délai à Martin Cortez et aux envoyés fut une médiocre provision sur les effets saisis, pour fournir à leur subsistance en Espagne. Ainsi il était de la destinée de tous ceux qui découvrirent le Nouveau-Monde d’être traversés par leur gouvernement et leurs concitoyens, et de voir punir leurs succès comme on aurait dû punir leurs crimes.

D’un autre côté, l’aumônier de Vélasquez ayant saisi la première occasion pour informer son maître de l’arrivée du vaisseau de Cortez et de l’accueil que ses envoyés avaient reçu à la cour, cette nouvelle, jointe au titre d’adelantade, dont le gouverneur de Cuba se voyait honoré, réveilla si vivement sa colère et ses prétentions, qu’il résolut d’équiper une puissante flotte pour ruiner Cortez et tous ses partisans. L’intérêt qu’il y fit prendre à tous les