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Diégo de Vélasquez avait encore dans cette ville les mêmes envoyés qui avaient obtenu pour lui l’office d’adelantade, et qui attendaient un embarquement pour retourner à Cuba. Surpris de voir paraître un vaisseau de Cortez, ils employèrent tout le crédit qu’une longue négociation leur avait fait acquérir auprès des ministres pour faire valoir leurs plaintes à la Contractacion, nom qu’on avait déjà donné au tribunal des Indes. Benoît Martin, aumônier de Vélasquez, représenta vivement que le navire et sa charge appartenaient au gouverneur de Cuba, son maître, comme le premier fruit d’une conquête qui lui était attribuée par ses commissions ; que Fernand Cortez étant entré furtivement et sans autorité dans les provinces du continent avec une flotte équipée aux frais de Vélasquez, Montéjo et Porto-Carréro, qui avaient l’audace de se présenter en son nom, méritaient d’être punis sévèrement, ou du moins qu’on devait se saisir de leur vaisseau jusqu’à ce qu’ils eussent produit les titres sur lesquels ils fondaient leur commission. Vélasquez s’était fait tant d’amis par ses présens, que les représentations de ses agens furent écoutées. On saisit le navire et ses effets, en laissant néanmoins aux envoyés de Cortez la liberté d’en appeler à l’empereur.

Ce prince étant alors à Barcelone, les deux capitaines et le pilote se hâtèrent de prendre le chemin de cette ville ; mais ils arrivèrent la veille du départ de la cour, qui se rendait à la