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fut heureuse ; mais ils s’étaient exposés au dernier danger par une imprudence dont aucun historien ne les excuse. Montéjo avait une habitation dans l’île de Cuba : il ne put se voir à la hauteur du cap Saint-Antoine sans proposer à son collègue d’y relâcher, sous prétexte d’y prendre quelques rafraîchissemens. Ce lieu étant fort éloigné de la ville de San-Iago, où Diégo de Vélasquez faisait sa résidence, il lui parut peu important de s’écarter un peu des ordres du général. Cependant c’était risquer non-seulement son vaisseau et le riche présent qu’il avait à bord, mais encore, toute la négociation qui lui avait été confiée. Vélasquez, que la jalousie tenait fort éveillé, n’avait pas manqué de répandre des espions sur toute la côte pour être averti de tous les événemens. Il craignait que Cortez n’envoyât quelque navire à Saint-Domingue pour y rendre compte de sa découverte, et demander du secours à ceux qui gouvernaient cette île. Ses espions lui ayant appris l’arrivée de Montéjo, il dépêcha deux vaisseaux bien armés, avec ordre de se saisir de celui de Cortez. Ce mouvement fut si prompt, que Montéjo eut besoin de toute l’habileté du pilote Alaminos pour échapper à un péril qui mit au hasard la conquête de la Nouvelle-Espagne.

Le reste de la navigation fut heureux jusqu’à Séville, où il arriva dans le cours du mois d’octobre de la même année ; mais il y trouva les conjonctures peu favorables à ses prétentions.