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caractères qui leur servaient d’explication, il crut reconnaître l’habit espagnol et la fabrique des vaisseaux de l’Europe. Son premier mouvement fut un transport de joie proportionné à la faveur qu’il recevait du ciel en voyant arriver une flotte si puissante, qu’il ne pouvait prendre que pour le secours qu’il attendait sous les ordres de Montéjo ; mais, dissimulant sa satisfaction, il se contenta de répondre qu’il ne tarderait point à partir, si ces vaisseaux retournaient bientôt en Espagne ; et, sans être plus surpris que l’empereur eût reçu les premiers avis de leur arrivée, parce qu’il connaissait l’extrême diligence de ses courriers, il ajouta que, les Espagnols qu’il avait laissés à Zampoala, ne pouvant manquer de l’informer bientôt des mêmes nouvelles, on apprendrait d’eux, avec plus de certitude, la route de cette flotte, et l’on verrait s’il était nécessaire de continuer les préparatifs. Montézuma parut goûter cette réponse, et reprit toute sa confiance pour les Espagnols.

Il était vrai qu’une flotte s’était approchée des côtes du Mexique ; mais il s’en fallait de beaucoup que ce fût un bonheur ni un secours pour Cortez. La liaison des événemens oblige de reprendre ici le voyage de Montéjo et de Porto-Carréro, qu’il avait envoyés en Espagne. Ils étaient partis de Véra-Cruz le 16 de juillet de l’année précédente ; avec l’ordre précis de prendre leur route par le canal de Bahama, sans toucher à l’île de Cuba. Leur navigation