Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gneurs et quelques prêtres s’étaient introduits secrètement dans l’appartement impérial. Cortez, alarmé d’un message qui venait à la suite d’une conférence dont on lui avait fait mystère, se fit accompagner de douze de ses plus braves soldats ; il fut surpris de trouver sur le visage de l’empereur un air de sévérité qu’il n’y avait jamais vu pour lui. Ses soupçons augmentèrent lorsqu’il se vit prendre par la main et conduire dans une chambre intérieure où ce prince, l’ayant prié gravement de l’écouter, lui déclara qu’il était temps de partir, puisqu’il ne lui restait rien à demander, après avoir reçu toutes ses dépêches ; que, les motifs ou les prétextes de son séjour ayant cessé, les Mexicains ne pourraient se persuader qu’un plus long retardement ne couvrît pas des vues dangereuses. Cette courte explication, qui paraissait préméditée, et même accompagnée d’un air de menace, alarma si vivement Cortez, qu’il ordonna secrètement à un de ses capitaines de faire prendre les armes aux soldats, et de les tenir prêts à défendre leur vie. Cependant, ayant rappelé toute sa modération, il prit un visage plus tranquille pour répondre à l’empereur, qu’il pensait lui-même à retourner dans sa patrie, et qu’il avait déjà fait une partie de ses préparatifs ; mais qu’on n’ignorait pas qu’il avait perdu ses vaisseaux, et qu’il demandait du temps et de l’assistance pour construire une nouvelle flotte.

On prétend que l’empereur avait déjà cin-