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étoffes de coton, des tableaux et des tapisseries tissues des plus belles plumes du monde ; enfin tout l’or qui se trouvait en masse dans la fonderie impériale. Les caciques ayant apporté leur contribution de toutes les provinces, cet amas de richesses monta bientôt en or seulement, à plus de deux mille quatre-vingts marcs, que Cortez prit le parti de faire fondre en lingots de différens poids, et dont il tira le quint pour lui, après avoir levé celui du roi d’Espagne : il se crut en droit de prendre aussi les sommes pour lesquelles il se trouvait engagé dans l’île de Cuba. Le reste fut partagé entre les officiers et les soldats, en y comprenant ceux qu’on avait laissés à Véra-Cruz. Quelque soin qu’on pût apporter à mettre une juste proportion dans les parts, il était difficile d’aller au-devant de toutes les plaintes entre des gens dont l’avarice était égale, et qui ne se rendaient point justice sur l’inégalité du mérite et des droits ; mais Cortez, avec un désintéressement digne de sa grandeur d’âme, fournit de son propre fonds ce qui manquait à la satisfaction de ceux qui se croyaient maltraités.

Montézuma n’eut pas plus tôt rempli ses engagemens, qu’il fit appeler le général espagnol. Celui qui fut chargé de cet ordre était un soldat de Cortez, que ce prince avait pris en affection, parce qu’il parlait déjà facilement la langue mexicaine, et qui avait remarqué pendant la nuit précédente que plusieurs sei-