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naître dans ce prince un droit héréditaire, qui appartenait au sang dont il était descendu. Il ajouta que, s’il était venu en personne au lieu d’envoyer ses ambassadeurs, la justice aurait obligé les Mexicains de le mettre en possession de l’empire ; et que lui-même, qu’ils reconnaissaient pour leur souverain, il aurait remis sa couronne à ses pieds pour lui en laisser la disposition absolue, ou pour la recevoir de sa main : mais que la même raison l’obligeait de lui en faire hommage dans la personne de ceux qui le représentaient, et de joindre à cette déclaration la plus riche partie de ses trésors ; et qu’il souhaitait que tous les caciques de l’empire suivissent son exemple par une contribution volontaire de leurs biens, pour se faire un mérite de leur zèle aux yeux de leur premier maître.

La résolution de Montézuma paraîtrait incroyable après l’opinion qu’on a dû prendre de sa puissance, et plus encore après les premières idées qu’on a données de son caractère, si l’on ne pouvait pas présumer raisonnablement que, promettant tout pour se délivrer de ses tyrans, il se proposait, après leur départ, de prendre des mesures pour s’affranchir de leur joug. Quoi qu’il en soit, on peut croire qu’au milieu de tant d’humiliations, l’orgueil d’un despote souffrait une mortelle violence. En prononçant le terme d’hommage, il s’arrêta quelques momens, et ne put retenir ses larmes. Cortez, voyant que la douleur du souve-