Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cortez jusqu’à le faire entrer à force ouverte dans le principal temple de Mexico pour y faire célébrer la messe au milieu des idoles. Ceux qui croient ce récit injurieux pour sa prudence, et qui le traitent de fiction, conviennent du moins que son emportement contre l’idolâtrie alarma les sacrificateurs. Cacumatzin, prince de Tezcuco, animé par leurs sollicitations, prit ce prétexte pour se déclarer fortement contre les Espagnols. Il y joignit celui de rendre la liberté à Montézuma, et de soutenir tout à la fois l’honneur de ses dieux et de son souverain. Quoique ces motifs ne fussent peut-être qu’un voile pour couvrir l’ambition qui le faisait aspirer au trône, il les fit valoir avec tant de force et d’adresse, qu’ayant engagé dans sa cause un grand nombre de seigneurs qui n’attendaient que l’occasion pour faire éclater leur haine contre les étrangers, il se vit bientôt à la tête d’un parti formidable. À cette nouvelle, Cortez résolut d’employer les armes pour étouffer la révolte dans sa naissance. Mais l’empereur, qui pénétra l’intention réelle de son neveu, et qui, dans l’illusion où les Espagnols l’entretenaient sur sa liberté, ne mettait plus de différence entre leurs intérêts et les siens, trouva des voies plus courtes pour arrêter les rebelles. L’ascendant qu’il conservait encore sur quelques-uns des plus puissans, et les récompenses qu’il leur fit offrir en secret les disposèrent à trahir leur chef. Cacumatzin fut arrêté par ses