Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

honte de l’avouer ; et, prenant un autre prétexte dont il crut se faire un mérite dans l’esprit des Espagnols, il répondit que leur propre intérêt ne lui permettait pas de les quitter, parce que sa noblesse et son peuple le presseraient de prendre les armes contre eux.

Dans cet intervalle, Cortez n’oublia aucune des précautions qui pouvaient établir sa propre sûreté. Ayant nommé Sandoval pour succéder à Escalante dans le gouvernement de Véra-Cruz, il se fit apporter les mâts, les voiles, la ferrure, et tous les agrès des navires qu’il avait fait couler à fond. Il ne pouvait oublier ce que les Tlascalans avaient entendu, sur la facilité de rompre les chaussées et les ponts, et son dessein était de faire construire deux brigantins dans Mexico, pour se rendre maître des passages du lac. Il fit agréer cette entreprise à Montézuma, sous le prétexte de lui donner quelque idée de la marine de l’Europe. Ce prince lui fournit du bois, et les charpentiers espagnols achevèrent en peu de temps un ouvrage qui devint un nouveau sujet d’admiration pour les Mexicains. On s’en servit pour faire des promenades et des chasses, qui donnèrent occasion à Cortez d’observer toutes les parties du lac. En même temps, il s’informait de la grandeur et des limites de l’empire, et les questions qu’il faisait sur une matière si délicate étaient amenées si habilement, que, loin d’en concevoir aucun soupçon, l’empereur lui fit dessiner par ses peintres une espèce