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de l’empereur qu’il pouvait tirer d’eux la vérité, et les punir avec toute la rigueur qui convenait à leur crime. Ils confessèrent d’abord qu’ils avaient rompu la paix par une guerre injuste, et qu’ils étaient coupables du meurtre d’Arguello, sans chercher à s’excuser par l’ordre de leur maître ; mais, lorsqu’on leur eut déclaré qu’ils allaient être punis rigoureusement, ils s’accordèrent tous à rejeter leur faute sur lui, Cortez refusa d’écouter leur déposition, qu’il traita d’imposture. La cause fut jugée militairement, et les coupables reçurent leur sentence qui les condamnait à être brûlés vifs devant le palais impérial.

On délibéra aussitôt sur la forme de l’exécution. Il parut important de ne la pas différer ; et dans la crainte que Montézuma ne s’aigrît, et ne voulût soutenir des malheureux dont tout le crime était d’avoir exécuté ses ordres, Cortez forma un dessein qui surpasse tout ce qu’on a vu jusqu’à présent de plus audacieux dans ses résolutions ; mais l’empereur ayant déjà consenti à se laisser mener en prison, Cortez put en conclure que celui qui pouvait tout souffrir invitait à tout oser. Il se fit apporter des fers tels qu’on les mettait aux Espagnols qui avaient mérité cette punition ; il se rendit à l’appartement de l’empereur, suivi d’un soldat, qui les portait à découvert, de Marina pour lui servir d’interprète, et d’un petit nombre de ses capitaines ; il ne se dispensa d’aucune des révérences et des autres