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vaient en vue que sa gloire et la justice. Il passait les soirs à jouer avec Cortez au totoloque, espèce de jeu de quilles, avec de petites boules et de petites quilles d’or. Montézuma distribuait son gain aux soldats espagnols et Cortez donnait le sien aux petits officiers mexicains. Alvarado marquait ordinairement et favorisait son général. L’empereur, qui s’en aperçut fort bien, le raillait agréablement de compter mal, et ne laissait pas de l’engager chaque fois à prendre la même peine. Solis assure que, soit qu’il fût naturellement doux et libéral, et que la disgrâce l’eût ramené à son caractère naturel, soit qu’il se fît violence pour plaire aux Espagnols, il parvint à s’en faire aimer comme un frère.

On lui accordait quelquefois la liberté d’aller se promener sur le lac, et se réjouir même dans les maisons de plaisance ; mais il était toujours accompagné d’une garde espagnole et d’un grand nombre de Tlascalans qui le ramenaient le soir dans sa prison.

Cependant le capitaine des gardes, qui avait été dépêché dans la province des Totonaques, amena chargés de chaînes Qualpopoca et les principaux officiers. Ils s’étaient rendus sans résistance à la vue du sceau impérial. Cortez permit qu’ils fussent conduits droit à Montézuma, parce qu’il souhaitait que ce prince les obligeât de cacher qu’ils eussent agi par ses ordres. Ensuite ils lui furent amenés, et l’officier qui les conduisait lui dit de la part