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brement quelques jours avec les étrangers, pour se divertir avec eux. En arrivant au quartier des Espagnols, il fit écarter la foule, qui n’avait pas cessé de le suivre, avec ordre à ses ministres de défendre les assemblées tumultueuses sous peine de mort. Il fit beaucoup de caresses aux soldats espagnols, qui vinrent le recevoir avec les plus grandes marques de respect. Il choisit l’appartement qu’il voulait occuper. On mit à la vérité des corps de garde à toutes les avenues ; on doubla ceux du quartier. On plaça des sentinelles dans les rues ; aucune précaution ne fut oubliée. Mais les portes demeurèrent ouvertes pour les officiers de l’empereur, que l’on connaissait tous, et pour les seigneurs mexicains, qui venaient lui faire leur cour, avec cette réserve que, sous prétexte d’éviter la confusion, on n’en admettait qu’un certain nombre, à mesure que les autres étaient congédiés. Dès le premier jour, Cortez rendit une visite au monarque, après lui avoir fait demander audience avec les mêmes cérémonies qu’il avait toujours observées. Il le remercia d’avoir honoré cette maison de sa présence, comme si son séjour y eût été libre ; et ce prince affecta de paraître aussi content que si les Espagnols n’eussent pas été témoins de sa résistance. Il leur distribua de sa main quantité de présens qu’il se fit apporter dans cette vue ; et, loin de découvrir à ses ministres le secret de sa prison, il s’efforça de dissiper toutes leurs défiances, pour conserver du moins