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sur toutes ses difficultés. Il appela aussitôt ses officiers domestiques pour leur ordonner de préparer sa litière. Il nomma ceux qui devaient l’accompagner, après leur avoir dit que, par des raisons d’état qu’il avait concertées avec ses dieux, il avait résolu d’aller passer quelques jours dans le palais de son père. Ses ministres, qu’il fit appeler aussi, reçurent ordre de communiquer sa résolution au peuple. Il ajouta qu’il l’avait formée volontairement et pour le bien de l’empire. D’un autre côté, chargeant un capitaine de ses gardes d’aller se saisir de Qualpopoca et de tous les chefs de l’armée, il lui remit, pour la sûreté de sa commission, un sceau qu’il portait attaché au bras droit. En donnant publiquement tous ces ordres, il priait Marina de les expliquer aux Espagnols, dans la crainte de leur donner de l’ombrage et de s’exposer à quelque violence.

Il sortit de son palais avec une suite assez nombreuse : les Espagnols étaient autour de sa litière, et le gardaient sous prétexte de l’escorter. Le bruit s’étant répandu dans toute la ville que les étrangers enlevaient l’empereur, on vit aussitôt les rues pleines d’un peuple qui poussait de grands cris avec l’apparence d’un soulèvement général. Les uns se jetaient à terre, d’autres témoignaient leur affliction par leurs larmes. L’empereur prit un air gai et tranquille qui apaisa ce tumulte, surtout lorsqu’ayant fait signe de la main il eut déclaré que loin d’être prisonnier, il allait passer li-