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ter Qualpopoca et tous les officiers, pour les livrer entre les mains de Cortez ; il voulait donner ses deux fils en otage ; il répétait avec une vive agitation qu’on ne devait pas craindre qu’il prît la fuite et qu’il allât se cacher dans les montagnes. Cortez refusait toutes les offres ; l’empereur ne se rendait point. Cependant il s’était passé trois heures, et les officiers espagnol commençaient à s’alarmer d’un si long délai. Velasquez de Léon dit hautement dans son impatience que les discours étaient inutiles, et qu’il fallait s’en saisir ou le poignarder. Montézuma voulut savoir de Marina ce qu’on disait avec tant d’emportement. Cette habile interprète saisit l’occasion pour l’embarrasser par de nouvelles alarmes ; et, feignant de craindre que son discours ne fut entendu des Espagnols, elle lui répondit qu’il était en danger, s’il résistait à des gens dont il connaissait la résolution, et qui étaient assistés d’un secours extraordinaire du ciel ; qu’étant née dans son empire, elle n’avait en vue que ses intérêts ; que, s’il consentait sur-le-champ à suivre le général étranger, elle lui garantissait qu’il serait traité avec tous les égards dus à son rang ; mais que, s’il s’obstinait à résister, elle ne répondait pas de sa vie. Ce discours triompha de sa fierté. Il se leva brusquement pour déclarer à Cortez qu’il se fiait à lui, qu’il était prêt à passer dans son quartier, et que c’était la volonté des dieux du Mexique, puisqu’ils permettaient que les persuasions des Espagnols l’emportassent