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entraîna toute l’assemblée dans son opinion.

L’histoire n’a pas d’autre exemple d’une audace de cette nature. Mais Cortez se voyait également perdu, soit par une retraite qui lui ôtait sa réputation, soit en se maintenant dans son poste sans tenter quelque action extraordinaire. Pour ne pas causer d’alarme aux Mexicains, il choisit l’heure à laquelle il rendait sa visite ordinaire à l’empereur. Il donna ordre que toute l’armée prît les armes dans le quartier, que les chevaux fussent sellés, et que tous ces mouvemens se fissent sans bruit et sans affectation. Ensuite, ayant fait occuper par quelques brigades l’entrée des principales rues qui conduisaient au palais, il s’y rendit accompagné d’Alvarado, de Sandoval, de Vélasquez de Léon, de Lugo et d’Avila, avec une escorte de trente soldats choisis. On ne fut pas surpris de les voir entrer avec leurs armes, parce qu’ils avaient pris l’habitude de les porter comme un ornement militaire. Montézuma les reçut sans défiance, et les officiers se retirèrent dans un autre appartement, suivant l’usage qu’il avait lui-même établi. Les interprètes s’étant approchés, Cortez prit un air chagrin, et commença son discours par des plaintes. Il peignit vivement l’insolence de Qualpopoca, qui avait attaqué les Espagnols de Véra-Cruz au mépris de la paix et de la protection de l’empereur, sur laquelle ils devaient se reposer. Il traita comme le plus noir et le plus infâme de tous les crimes le massacre d’un de ses soldats, qui avait