Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tes qui se faisaient en faveur des étrangers, et qu’il paraissait les révérer de bonne foi, parce qu’il les voyait honorés de l’empereur ; mais que les nobles étaient devenus rêveurs et mystérieux, et qu’ils tenaient des conférences dont il était aisé de voir que la cause était déguisée ; et qu’on avait entendu de quelques-uns des discours interrompus qui pouvaient recevoir une interprétation sinistre, particulièrement sur la facilité de rompre les ponts des chaussées. Deux ou trois des mêmes Américains avaient appris dans la ville que, peu de jours auparavant, on avait apporté à Montézuma la tête d’un Espagnol, et que ce prince, après en avoir admiré la grosseur et la fierté des traits (détails qui convenaient à celle d’Arguello), avait recommandé qu’elle fût cachée soigneusement. Cortez fut d’autant plus frappé de ce dernier récit, qu’il y crut trouver une preuve certaine que Montézuma était entré, par son approbation ou par ses ordres, dans l’entreprise de son général.

À la pointe du jour, il fit appeler tous ses capitaines avec quelques-uns des principaux soldats, auxquels leur mérite ou leur expérience avaient fait donner entrée au conseil. Il leur fit une nouvelle exposition du sujet de l’assemblée, et de tous les avis qu’il avait reçus. On proposa diverses ouvertures : les uns voulaient qu’on demandât un passe-port à Montézuma pour aller au secours de la colonie ; d’autres, à qui cette voie parut dangereuse,