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Le conseil de Véra-Cruz lui rendait compte de tous ces événemens, en reconnaissant que la victoire même laissait des suites fâcheuses à redouter, et lui demandait avec ses ordres un successeur pour Escalante. Un contre-temps si cruel et si peu attendu le jeta dans une affliction qu’il ne put déguiser à ses officiers : il les assembla tous ; et, n’osant se fier aux premières délibérations, il les pria de prendre quelque temps, comme il leur avoua qu’il en avait besoin lui-même pour réfléchir sur le fond de cet incident. Il leur recommanda le secret, dans la crainte que le soldat ne prit trop vivement l’alarme ; et ses aumôniers reçurent ordre d’implorer le secours du ciel par leurs plus ardentes prières ; ensuite, s’étant retiré dans son appartement, il y passa seul le reste de la nuit. On rapporte qu’en s’y promenant avec beaucoup d’agitation, le hasard lui fit découvrir un endroit nouvellement maçonné, où l’empereur avait fait cacher tous les trésors de son père, et qu’étant rempli de soins plus importans, il se contenta de le remarquer, sans être tenté alors de le faire ouvrir. Avant la fin de la nuit, il se fit amener secrètement les Américains les plus habiles et les plus affectionnés qu’il eût à sa suite, pour leur demander s’ils n’avaient pas remarqué quelque chose d’extraordinaire dans la conduite ou dans l’esprit des Mexicains, et s’ils jugeaient que l’estime de cette nation se soutint pour les Espagnols. Ils répondirent que le peuple ne pensait qu’à se réjouir dans les fê-