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toutes ces fausses divinités n’en soutiendraient pas la présence. Les sacrificateurs parurent irrités d’une proposition si hardie ; et Montézuma même, embarrassé de sa réponse, lui dit, après avoir paru balancer entre son ressentiment et le désir de se contraindre, que les Espagnols pouvaient accorder au lieu où ils étaient l’attention qu’ils devaient du moins à sa personne. Il sortit aussitôt ; et, s’arrêtant sous le portique, il leur dit avec moins d’émotion qu’ils étaient libres de retourner à leur quartier, tandis qu’il allait demeurer dans le temple pour demander pardon à ses dieux de l’excès de sa patience. Après une aventure si délicate, Cortez se détermina, suivant le conseil de ses aumôniers, à demander au ciel des conjonctures plus favorables pour traiter l’affaire de la religion ; ce qui n’empêcha point qu’il n’obtînt de Montézuma la liberté de changer en église une des salles de son quartier.

Les premiers jours qui suivirent celui de son arrivée s’étaient passés en réjouissances ; et la discipline qu’il faisait garder par ses troupes répondant à l’idée qu’il avait donnée des principes de sa religion et des motifs de son ambassade, il observait avec joie, que la vénération des Mexicains croissait pour le nom espagnol, et que l’empereur même pourrait revenir de ses préventions. Ce prince lui rendait de fréquentes visites dans lesquelles il ne se lassait point d’admirer tout ce qui venait d’Espagne : il ne mettait point de bornes à ses pré-