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tude infinie de peuple à qui l’on entendait souvent répéter entre leurs acclamations le nom de Teules, qui signifie dans leur langue, dieux, ou gens descendus du ciel. Les Espagnols, découvrirent de fort loin le palais de Montézuma, et furent frappés de sa magnificence. On y entrait par trente portes qui répondaient au même nombre de rues ; et la principale face, qui donnait sur une place fort spacieuse, dont elle occupait tout un côté, était bâtie de jaspe noir, rouge et blanc. On remarquait sur la principale porte un grand écusson chargé des armes de Montézuma. C’était une sorte de griffon, dont la moitié du corps représentait un aigle, et l’autre un lion ; il avait les ailes étendues, comme prêt à voler, et de ses griffes il tenait un tigre qui semblait se débattre avec fureur. En approchant de la porte, les officiers mexicains qui accompagnaient le général s’avancèrent près de lui, et formèrent une double ligne de manière à ne passer que deux à deux. Après avoir traversé trois vestibules incrustés de jaspe, ils arrivèrent à l’appartement de l’empereur, dont Cortez admira la grandeur et les ornemens. Les planchers étaient couverts de nattes d’un travail fort délicat et fort varié. Les tentures de coton, dont les murs étaient revêtus, formaient une tapisserie fort brillante par l’éclat de leurs couleurs et la beauté des figures. Les lambris étaient composés d’un mélange de cyprès, de cèdre et d’autres bois odoriférans, avec des feuillages et des festons en relief. Les