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d’une prison où il était retenu pour ses crimes, avait trouvé le moyen de s’associer soixante-dix hommes, recherchés comme lui par la justice, et s’était saisi, avec leur secours, d’un navire génois qu’il avait rencontré au cap de Tiburon. Cette troupe de fugitifs avait mis à la voile sans aucune vue bien déterminée, et la Providence avait dirigé leur route vers Saint-Sébastien, dont les habitans étaient à la veille de mourir de faim. Le gouverneur acheta toutes les provisions du vaisseau ; et Talavera, qui n’avait pas de meilleur parti à prendre, s’engagea sous ses ordres avec toute sa troupe. Mais la distribution des vivres entre des gens affamés fit quantité de mécontens dont Ojéda eut beaucoup de peine à calmer les plaintes ; d’ailleurs il s’était flatté en vain que les Américains respecteraient ses nouvelles forces, et lui laisseraient quelque repos. Ils n’en parurent pas moins acharnés à la perte des Espagnols. Dans toutes les sorties de la garnison espagnole, ils s’étaient aperçus que le général leur tuait seul plus de monde que tous ses gens ensemble. L’espérance de défaire aisément le reste, s’ils pouvaient vaincre un ennemi si terrible, leur fit mettre quatre de leurs meilleurs archers en embuscade, avec ordre de ne tirer que sur lui. Ojéda sortit le premier du fort, et, dans l’ardeur qui le portait toujours à donner l’exemple, il s’avança vers un gros d’ennemis qui feignaient de fuir pour l’attirer dans le piége. Les quatre archers lui tirèrent plusieurs