Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la justice et la force. Cortez portait sur ses armes une chaîne d’émail chargée de pierres fausses, mais d’un très-grand éclat, qui représentaient des diamans et des émeraudes, et son dessein avait toujours été d’en faire le présent de sa première audience ; mais, se trouvant si proche de l’empereur, il prit cette occasion pour la lui mettre au cou. Les deux princes qui soutenaient ce monarque s’efforcèrent en vain de l’arrêter, en lui faisant connaître que cette politesse était trop libre ; Montézuma blâma lui-même leur scrupule, et parut si satisfait du présent, qu’il le regarda quelque temps avec admiration. Il voulut s’acquitter, sur-le-champ par une action éclatante ; et, prenant le temps que tous les officiers employaient à lui faire la révérence pour se faire apporter un collier qui passait pour la plus riche pièce de son trésor, il le mit aussi de ses propres mains au cou de Cortez : c’étaient un grand nombre de coquilles fines et fort précieuses dans cette partie du Nouveau-Monde, à chacune desquelles pendaient de chaque côté quatre écrevisses d’or. Cette nouvelle faveur fit monter au comble l’étonnement des Mexicains. Les complimens furent courts dans cette première entrevue. Montézuma donna ordre à l’un des deux princes ses neveux d’accompagner Cortez jusqu’au logement qui lui était destiné ; et, continuant de s’appuyer sur le bras de l’autre, il remonta dans sa litière pour se retirer avec la même pompe. Tous les historiens rappor-