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grande partie du corps, et bordé d’une frange d’or qui traînait jusqu’à terre ; les joyaux d’or, les perles et les pierres précieuses dont il était couvert semblaient plutôt un fardeau qu’un ornement. Sa couronne était une espèce de mitre d’or qui se terminait en pointe par-devant, et dont l’autre partie, moins pointue, se recourbait vers le derrière de la tête. Il portait des souliers d’or massif ; plusieurs courroies, qui étaient serrées par des boucles de même métal, et qui remontaient en se croisant jusqu’au milieu de la jambe, représentaient assez bien l’ancienne chaussure des Romains.

Cortez s’avança de son côté d’un air noble, mais à plus grands pas, et fit une profonde révérence, que le monarque du Mexique rendit en baissant la main jusqu’à terre, suivant l’usage commun de sa nation, et la portant ensuite à ses lèvres. Cette civilité, qu’on n’avait jamais vu pratiquer aux empereurs mexicains, parut encore plus étonnante dans Montézuma, qui saluait à peine les dieux d’un signe de tête, et dont on connaissait l’orgueil. Une déférence de cette nature, jointe à la démarche qu’il faisait en sortant pour recevoir le général étranger, fit sur l’esprit des peuples une impression d’autant plus avantageuse à Cortez, que, révérant tous les décrets de leurs empereurs avec une soumission aveugle, ils se persuadèrent que Montézuma, dont ils connaissaient la fierté, n’avait pu s’abaisser à ce point sans de puissantes raisons, dont ils devaient respecter