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boulevart de pierre qui le couvrait dans toute la largeur de la chaussée, et dont la porte donnait sur un autre bout de chaussée, terminée par un pont-levis, après lequel on trouvait une seconde fortification, qui faisait proprement l’entrée de la ville. Aussitôt que la noblesse mexicaine eut passé le pont, elle se rangea des deux côtés pour laisser l’entrée libre, et les Espagnols découvrirent alors une fort grande rue, dont toutes les maisons étaient bâties sur le même modèle, avec des terrasses et des balcons qui parurent chargés d’une multitude infinie d’habitans. Il ne s’en présentait pas un dans la rue ; mais Cortez fut averti qu’on la tenait dégagée par l’ordre exprès de l’empereur, qui voulait venir le recevoir lui-même à la tête des seigneurs de sa cour, pour honorer son arrivée par une distinction sans exemple.

En effet, on découvrit bientôt la première partie du cortége de ce monarque, composée de deux cents officiers de la maison impériale, tous en habit uniforme, avec de grands panaches de même figure et de même couleur. Ils marchaient deux à deux les pieds nus et les yeux baissés. En arrivant à la tête de l’armée, ils se rangèrent le long des murs pour laisser voir dans l’éloignement une autre troupe plus nombreuse et plus richement vêtue, au milieu de laquelle Montézuma était élevé sur les épaules de ses favoris, dans une litière d’or bruni, dont l’éclat perçait au travers de quan-