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Ils y étaient dans une profonde sécurité, lorsque les cris d’une sorte de perroquets rouges, d’une grosseur extraordinaire, qu’ils appelaient guacamayas, et que nous avons nommés aras, les avertirent que leurs ennemis pensaient à la vengeance ; mais l’attaque fut si brusque, que ceux qui n’avaient pas profité de cet avis pour prendre la fuite, furent passés au fil de l’épée, ou tués à coups d’arquebuses. Les vainqueurs mirent le feu à toutes les parties de l’habitation ; ils attendaient au passage le reste de ces malheureux échappés à leur première furie, et que l’impétuosisé des flammes forçait d’abandonner leurs retraites : le massacre fut si général, qu’on ne fit aucun prisonnier. Lorsqu’on ne vit plus d’ennemis, on se livra au pillage, et le butin fut considérable : Nicuessa eut pour sa part la valeur de vingt mille pistoles. Dans les recherches qu’on fit aux environs de la bourgade, on trouva sous un arbre le corps de la Cosa, monstrueusement enflé par la force du poison. Ce spectacle causa tant d’horreur aux Castillans, qu’ils n’osèrent passer la nuit dans un lieu si redoutable.

Après cette expédition, les deux chefs, unis désormais d’intérêt et d’amitié, se séparèrent pour suivre le cours de leur fortune. Nicuessa prit la route de Véragua, tandis qu’Ojéda, qui voulait prendre celle du golfe d’Uraba, fut arrêté par les vents contraires, dans une petite île voisine de la côte, où il enleva quelques habitans et de l’or. De là étant entré plus heureu-