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enfin, ayant assemblé ses capitaines, il prit avec eux la résolution de signaler sa vengeance par un exemple éclatant.

Il fit déclarer sur-le-champ aux caciques de la ville que son dessein était de partir le jour suivant : non-seulement il leur ôtait par cet avis le temps de faire de plus grands apprêts, mais, les mettant dans la nécessité de changer toutes leurs mesures, il leur causait un trouble dont il espérait tirer quelque avantage : en même temps il leur fit demander des vivres pour la subsistance de ses troupes pendant la marche, des Tamènes pour le transport des bagages, et deux mille hommes de guerre pour l’accompagner, à l’exemple des Tlascalans et des Zampoalans. Les caciques firent quelques difficultés, sur les vivres et les Tamènes : ils accordèrent volontiers l’escorte militaire, mais par des raisons fort opposées à celles qui la faisaient demander. Cortez avait en vue de diviser leurs forces, et d’avoir sous ses yeux une partie des traîtres qu’il voulait punir ; au lieu que le dessein des caciques était d’introduire des ennemis couverts parmi les Espagnols, pour les armer contre eux dans l’occasion.

Avant la fin du jour, les Tlascalans reçurent ordre de passer la nuit sous les armes, et de s’approcher des murs le lendemain au matin, comme s’ils ne pensaient qu’à suivre la marche de l’armée, mais prêts, lorsqu’ils entendraient la première décharge, à pénétrer dans la ville pour se joindre aux Espagnols. Les Zampoa-