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Deux soldats tlascalans, qui s’étaient déguisés pour entrer dans la ville, arrivèrent presqu’en même temps au quartier des Espagnols, et, se présentant à Cortez de la part de leurs chefs, ils rassurèrent que, de leur camp, on avait vu passer quantité de femmes et de meubles que les Cholulans envoyaient dans les villes voisines, ce qui semblait marquer quelque dessein extraordinaire. On apprit d’ailleurs que, dans un temple de la ville, on avait sacrifié dix enfans de l’un et de l’autre sexe, cérémonie commune à tous ces peuples lorsqu’ils se préparaient à la guerre. Quelques Zampoalans, qui s’étaient promenés dans la ville, avaient découvert plusieurs tranchées, quoiqu’on eût pris le temps de la nuit pour ce travail. Tant de preuves paraissaient suffire ; cependant, comme il était important de porter la conviction au dernier degré, Cortez se fit amener, sous divers prétextes, trois des principaux sacrificateurs. Il les interrogea séparément, sans avoir fait éclater le moindre soupçon. Dans l’étonnement qu’ils eurent de s’entendre reprocher leur perfidie avec un détail du complot qui leur fit juger que le général espagnol était un dieu qui pénétrait jusqu’au fond de leurs pensées, ils n’osèrent désavouer la moindre circonstance, et, se reconnaissant coupables, ils rejetèrent leur crime sur Montézuma, qui avait dressé le plan de la conspiration, et qui les y avait engagés par ses ordres. Cortez les mit sous une garde sûre :