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pris, à cinq cents pas de la ville, un fort bon poste qu’elles fermèrent de quelques fossés, avec des corps-de-garde et des sentinelles, suivant la méthode dont elles étaient redevables à l’exemple de leurs nouveaux alliés. Les premiers jours se passèrent avec beaucoup de tranquillité : on ne vit dans les caciques que de l’empressement à faire leur cour au général. Les vivres venaient en abondance, et tout semblait démentir l’idée qu’on s’était formée des Cholulans : cependant ils n’eurent pas l’adresse de cacher long-temps leurs desseins : l’abondance des provisions diminua par degrés ; ensuite les visites et les caresses des caciques cessèrent tout d’un coup. Dans l’intervalle, on remarqua que les ambassadeurs mexicains avaient des conférences secrètes avec les chefs de la nation ; il fut même aisé d’observer, sur leur visage un air de mépris, qui venait apparemment de la confiance qu’ils avaient au succès de leurs complots ; mais tandis que Cortez apportait tous ses soins à pénétrer la vérité, elle se découvrit d’elle-même, par un de ces coups du hasard dont les Espagnols furent souvent favorisés dans cette expédition. Une vieille Américaine d’un rang distingué, qui avait lié une amitié fort étroite avec Marina, la prit un jour à l’écart : elle plaignit le misérable esclavage où elle était réduite, et, la pressant de quitter d’odieux étrangers, elle lui offrit un asile secret dans sa maison. Marina, toujours dévouée à Cortez, feignit d’être