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Tlascalans hors de la ville pour se donner le temps de pénétrer les desseins des caciques. On leur fit cette proposition, à laquelle ils consentirent plus facilement qu’on ne l’avait espéré. Les chefs firent assurer Cortez qu’ils n’étaient venus que pour recevoir ses ordres, et qu’ils allaient sur-le-champ établir leur quartier hors de Cholula ; mais qu’ils voulaient demeurer à la vue des murs, pour voler au secours de leurs amis, puisque les Espagnols voulaient risquer leur vie en la commettant à des traîtres : ce parti fut approuvé des caciques.

L’entrée des Espagnols à Cholula fut accompagnée de mille circonstances qui lui donnèrent l’apparence d’un triomphe. La ville parut si belle aux Espagnols, qu’ils la comparèrent à Valladolid : elle était située dans une plaine ouverte ; on y comptait environ vingt mille habitans, sans y comprendre ceux des faubourgs, qui étaient en plus grand nombre. Elle était fréquentée sans cesse par quantité d’étrangers, qui s’y rendaient de toutes parts comme au sanctuaire de leur religion. Les rues étaient bien percées, les maisons plus grandes, et d’une architecture plus régulière que celles de Tlascala. On distinguait les temples par la multitude de leurs tours. Le logement qu’on avait préparé pour les Espagnols était composé de plusieurs grandes maisons qui se touchaient, et où leur premier soin fut de se fortifier avec les Zampoalans : d’un autre côté, les troupes tlascalanes avaient