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des hôtes si célèbres. Cortez les reçut sans affectation : le jour suivant, il continua sa marche. On ne vit sortir personne de la ville pour le recevoir ; et cette marque commençant à réveiller ses soupçons, il donna ordre à ses gens de se tenir prêts à combattre ; mais, à peu de distance des murs, on vit paraître enfin les caciques et les sacrificateurs, accompagnés d’un grand nombre d’habitans désarmés. Cortez s’arrêta pour les laisser venir jusqu’à lui. Ils donnèrent d’abord des marques assez naturelles de joie ; cependant, comme on observait leurs moindres actions, on fut surpris de voir tout d’un coup un grand changement sur leurs visages, et d’entendre un bruit désagréable qui semblait marquer entre eux quelque altercation. Les Espagnols redoublèrent leurs précautions, et Marina eut ordre de leur demander la cause de ce mouvement. Ils répondirent qu’ayant aperçu des troupes tlascalanes, ils étaient obligés de déclarer au général étranger qu’ils ne pouvaient recevoir leurs ennemis dans leurs murs, et qu’ils le priaient ou de les renvoyer dans leur ville, ou de les faire demeurer à quelque distance, comme un obstacle à la paix qu’ils désiraient. Cette demande causa quelque embarras à Cortez ; il y trouvait une apparence de justice, mais peu de sûreté pour lui-même ; cependant il fit espérer aux caciques qu’on trouverait le moyen de les satisfaire. Ses capitaines, qu’il assembla aussitôt, furent d’avis de faire camper les