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lieue. Ordaz revint tranquillement après ces observations, et sa hardiesse fit l’étonnement de tous les Américains. Elle n’avait passé d’abord aux yeux de Cortez que pour une curiosité bizarre et téméraire ; mais il en reçut dans la suite un fruit plus considérable que l’admiration des Tlascalans. Quelque temps après, manquant de poudre dans une des plus importantes circonstances de son expédition, il se ressouvint de ces bouillons de matière liquide et enflammée qu’Ordaz avait observés au fond du volcan, et ses gens en tirèrent assez d’excellent souffre pour la munition de toute l’armée.

Les Espagnols passèrent vingt jours à Tlascala, qui furent autant de fêtes pendant lesquelles ils ne reçurent que de nouveaux témoignages de la fidélité des habitans. Enfin, Cortez ayant marqué le jour de son départ, on lui fit naître quelques difficultés sur le chemin qu’il devait tenir. Son inclination le portait à prendre celui de Cholula, grande ville fort peuplée, qui n’était qu’à cinq lieues de Tlascala, et capitale d’une autre république avec laquelle Montézuma vivait en si bonne intelligence, qu’il y avait ordinairement ses vieilles troupes en quartier ; mais cette raison qui causait le penchant du général espagnol était celle, au contraire, que les Tlascalans faisaient valoir pour lui conseiller de prendre une autre route. Ils lui représentaient les Cholulans comme une nation perfide et rusée, ser-