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brage ; mais on ne trouve au-delà qu’un terrain stérile et couvert de cendre, que l’opposition de la fumée faisait paraître aussi blanche que la neige. Les Américains s’étant arrêtés dans ce lieu, Ordaz continua de monter courageusement avec ses deux Espagnols ; ils eurent besoin de s’aider autant des mains que des pieds jusqu’au sommet de la montagne. En approchant de l’ouverture, ils sentirent que la terre tremblait sous eux par de violentes secousses : bientôt ils entendirent les mugissemens qu’on leur avait annoncés, et qui furent suivis immédiatement d’un tourbillon, accompagné d’un bruit encore plus horrible, et de flammes enveloppées de cendre et d’une affreuse fumée. Quoique le tourbillon fût sorti si rapidement, qu’il n’avait pu échauffer l’air, il s’étendit en parvenant à sa hauteur, et répandit sur les trois aventuriers une pluie de cendre si épaisse et si chaude, qu’ils furent obligés de se mettre à couvert sous un rocher, où ils perdirent quelque temps la respiration. Cependant, lorsque le tremblement eut cessé, et que la fumée fut devenue moins épaisse, Ordaz, animant ses compagnons, acheva de monter jusqu’à la bouche du volcan. Il remarqua au fond de cette ouverture une grande masse de feu qui lui parut s’élever en bouillons comme une matière liquide et fort brillante ; la circonférence de cette horrible bouche, qui occupait presque tout le sommet de la montagne, n’avait pas moins d’un quart de