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dans la nation. Elle se crut menacée de quelque redoutable événement. Les principaux sénateurs parurent persuadés que c’étaient les âmes des méchans qui sortaient pour châtier les habitans de la terre ; et cette opinion, qui renfermait du moins quelque idée de l’immortalité de l’âme, fut une occasion pour Cortez de leur inspirer les espérances et les craintes qui convenaient à ses grandes vues. Pendant que toute la nation était consternée, Diego d’Ordaz demanda la permission d’aller reconnaître de plus près ce volcan. Une proposition si hardie fit trembler les Américains. Ils s’efforcèrent de le faire renoncer à un dessein dont ils lui représentèrent tous les dangers. Jamais les plus braves Tlascalans n’avaient osé s’approcher du sommet de la montagne. On y entendait quelquefois des mugissemens effroyables ; mais, les difficultés ne faisant qu’animer Ordaz, il obtint facilement la permission de Cortez, qui s’applaudit de pouvoir faire connaître à ses nouveaux alliés qu’il n’y avait point d’obstacles insurmontables pour la valeur des Espagnols.

Ordaz partit avec deux soldats de sa compagnie et quelques Américains, qui ne refusèrent pas de le conduire jusqu’au pied de la montagne, après lui avoir déclaré qu’ils s’affligeaient d’avoir été choisis pour être les témoins de sa mort. La première partie de la côte est un pays charmant, revêtu des plus beaux arbres du monde, qui forment un délicieux om-