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comprirent le sens de ce discours, et partirent, avec les marques d’un vif chagrin, sous l’escorte de quelques Espagnols, qui les conduisirent jusqu’aux terres de l’empire. Leur départ fut suivi de l’arrivée d’un grand nombre de députés des principales places de la province. Ils venaient rendre leurs soumissions à l’Espagne, entre les mains de Cortez, qui en fit dresser des actes formels au nom du roi Charles.

Il arriva, dans le même temps, un accident qui surprit les Espagnols, et qui causa beaucoup d’épouvante aux Américains, mais que l’habileté de Cortez fit tourner à l’avantage de ses entreprises. De l’éminence où la ville de Tlascala est située on découvre à la distance de huit lieues, le sommet d’une montagne qui s’élève beaucoup au-dessus de toutes les autres. Il en sortit tout d’un coup des tourbillons de fumée qui montaient en l’air avec beaucoup de rapidité, sans céder à l’impétuosité des vents, jusqu’à ce qu’ayant perdu leur force, ils se divisassent pour former des nuées plus ou moins obscures, suivant la quantité de cendre et de vapeurs qu’elles avaient entraînée. Bientôt ces tourbillons parurent mêlés de flammes ou de globes de feu, qui se séparaient, dans leur agitation, en une infinité d’étincelles. Les Américains n’avaient pas marqué de crainte à la vue de la fumée. Ce spectacle n’était pas nouveau pour eux ; mais les flammes répandirent une horrible frayeur