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violences de Montézuma ; mais ils parurent peu disposés à renoncer à leurs erreurs. Ils répondirent que le dieu des Espagnols était très-grand, et peut-être au-dessus des leurs, mais que chaque pays devait avoir les siens ; que leur république avait besoin d’un dieu contre les tempêtes, d’un autre contre les déluges qui ravageaient leurs moissons, d’un autre pour les assister à la guerre, et de même pour les autres nécessités, parce qu’il était impossible qu’un seul dieu fût capable de suffire à tant de soins. Là-dessus Cortez ayant chargé un de ses deux aumôniers de combattre ces erreurs, ils l’écouterent avec assez de complaisance ; mais, lorsqu’il eut cessé de parler, ils prièrent le général, avec beaucoup d’empressement, de ne pas permettre que cet entretien se répandît hors de son quartier, parce que, si leurs dieux en étaient informés, ils appelleraient les tempêtes pour ruiner entièrement la province. Cortez, dans le transport de son zèle, méditait déjà de faire briser les idoles. Il semblait se fier au succès que la même entreprise avait eu dans Zampoala ; mais l’aumônier lui représenta que la ville où il se trouvait était incomparablement plus peuplée, et la nation plus guerrière ; que la violence d’ailleurs ne s’accordait pas avec les maximes de l’Évangile, et qu’avant d’introduire le vrai culte, il fallait penser à le rendre aimable par des instructions et des exemples. Cependant les représentations du général convainquirent le sénat que les sacrifices du sang