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parut point mécontent que la plus belle salle du logement des Espagnols eût été destinée à servir d’église. Ils y élevèrent un autel où les saints mystères étaient célébrés à la vue des principaux de la république, qui observaient respectueusement les cérémonies. Un des plus vieux sénateurs demanda un jour à Cortex s’il était mortel. « Vos actions, lui dit-il, paraissent surnaturelles ; elles ont ce caractère de grandeur et de bonté que nous attribuons à nos dieux : mais nous ne comprenons pas ces cérémonies par lesquelles il semble que vous rendiez hommage à une divinité supérieure. L’appareil est d’un sacrifice ; cependant nous ne voyons pas de victimes ni d’offrandes. » Cortez avoua que lui et ses soldats étaient des hommes mortels ; mais il ajouta qu’étant nés sous un meilleur climat, ils avaient beaucoup plus d’esprit et de force que les autres hommes ; et, prenant occasion de cette ouverture pour sonder les dispositions des Tlascalans par celles du sénateur, il lui dit adroitement que non-seulement les Espagnols reconnaissaient un supérieur au ciel, mais qu’ils faisaient gloire aussi d’être les sujets du plus grand prince de la terre, à qui les peuples de Tlascala obéissaient maintenant, puisque, étant les frères des Espagnols, ils étaient obligés de reconnaître le même souverain. Le sénateur et ceux qui l’accompagnaient ne marquèrent point d’éloignement pour devenir vassaux de l’Espagne, à condition d’être protégés contre les