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mula ses soupçons, mais il faisait faire une garde exacte autour de son logement ; et jamais il n’en sortait sans être escorté d’une partie de ses gens avec leurs armes à feu. Il ne leur permettait d’aller à la ville qu’en troupes nombreuses, toujours avec les mêmes précautions. Les habitans s’affligèrent de cette défiance, et le sénat en fit des plaintes. Il répondit qu’il connaissait la bonne foi des Tlascalans, et qu’ils devaient avoir la même opinion de la sienne ; mais que l’exactitude des gardes était un usage de l’Europe, où les soldats faisaient les exercices de la guerre au milieu de la paix pour conserver l’habitude de la vigilance et de la soumission ; et que les armes qu’ils portaient sans cesse étaient une marque honorable qui distinguait leur profession. Les sénateurs parurent satisfaits de cette raison ; et Xicotencatl, naturellement guerrier, prit tant de goût pour la méthode espagnole, qu’il entreprit d’introduire les mêmes usages parmi les troupes de la république. Cet éclaircissement ayant fait cesser les alarmes des Tlascalans, Cortez, qui sentit ce qu’il avait à se promettre d’une nation si prudente et si guerrière, n’épargna rien pour se les attacher par l’estime et l’affection. Il fit entrer tous ses soldats dans les mêmes vues, et le succès de cette conduite répondit bientôt à ses espérances. Chaque jour lui en donnait des preuves par les civilités et les présens qu’il recevait de toutes les villes et des autres places de la république. Le sénat ne