Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marche. On forma des bataillons, et l’armée prit le chemin de TIascala, avec l’ordre et les précautions qu’elle observait dans les plus grands dangers. La meilleure partie des prospérités de Cortez était due à l’exactitude de la discipline, dont il ne se relâcha jamais. La campagne se trouva couverte d’une multitude innombrable d’Américains. Leurs cris et leurs applaudissemens différaient peu des menaces qu’ils employaient dans les combats ; mais les Espagnols avaient été prévenus sur ces témoignages de joie, qui étaient en usage dans les plus grandes fêtes du pays. Le sénat vint au-devant d’eux escorté de toute la noblesse. À l’entrée de la ville, les acclamations redoublèrent avec un nouveau bruit d’instrumens barbares, qui se mêlèrent à la voix du peuple. Les femmes jetaient des fleurs sur leurs hôtes ; et les sacrificateurs, revêtus des habits de leur ministère, les attendaient au passage avec des brasiers de copal, dont ils dirigeaient vers eux la fumée. Il faut avouer que cinq cents Espagnols, dont l’alliance est disputée entre deux états puissans, et que leurs ennemis reçoivent l’encens à la main, jouaient peut-être le plus grand rôle dont jamais des hommes puissent se glorifier. Cependant, à tout prendre, quel avantage avaient-ils sur les Tlascalans, qui avaient montré, en les combattant, une bravoure au moins égale à la leur ? des chevaux et de la poudre à canon.

Toute l’armée fut logée commodément dans