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tyran tel qu’il doit déjà te le paraître, puisqu’il te recherche dans le dessein de te persuader une injustice. Nous ne demandons pas que tu nous assistes contre lui ; nos seules forces nous suffisent contre tout ce qui ne sera pas toi : mais nous verrons avec chagrin que tu prennes confiance à ses promesses, parce que nous connaissons ses artifices. Au moment que je te parle, il s’offre à moi, malgré mon aveuglement, certaines lumières qui me découvrent de loin le péril où tu t’engages. Tu nous as offert la paix, si Montézuma ne te retient. Pourquoi te retient-il ? Pourquoi te refuses-tu à nos prières ? Pourquoi ne veux-tu pas honorer notre ville de ta présence ? Nous venons, résolus d’obtenir ton amitié et ta confiance, ou de mettre entre tes mains notre liberté. Choisis de ces deux partis celui qui te sera le plus agréable : il n’y a point de milieu pour nous entre la nécessité d’être tes amis ou tes esclaves. »

Cortez ne put résister à des soumissions qui portaient un caractère de bonne foi si peu suspect. Après avoir fait une réponse favorable aux sénateurs, il exigea seulement qu’ils lui envoyassent des hommes pour la conduite de l’artillerie et le transport du bagage. Dès le jour suivant on vit arriver à la porte du fort cinq cents Tamènes qui se disputèrent entre eux l’honneur de porter les plus pesans fardeaux. Aussitôt Cortez fit disposer tout pour la