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discours fut tel qu’on le rapporte, il prouve que la véritable éloquence, celle de l’âme, est de tous les pays : il y a même des traits sublimes. Solis, plus équitable que les autres écrivains, est bien loin de regarder les Mexicains avec mépris ; ses réflexions à ce sujet sont fort justes : À la vérité, dit-il, ils admiraient des hommes qui leur paraissaient d’une autre espèce ; ils regardaient leur barbe comme une singularité merveilleuse, parce qu’ils n’en avaient pas eux-mêmes ; ils prenaient les armes à feu pour des foudres, et les chevaux pour des monstres ; ils donnaient de l’or pour du verre : mais leur étonnement ne venait que de la nouveauté de ces spectacles, et ne doit pas faire juger plus mal de leur raison : l’admiration ne suppose que l’ignorance, et non pas l’imbécillité. Voici le discours du vieillard :

« Généreux capitaine, que tu sois ou non de la race des immortels, tu as maintenant dans ton pouvoir le sénat de Tlascala, qui vient te rendre ce dernier témoignage de son obéissance. Nous ne venons point excuser les fautes de notre nation, mais seulement nous en charger, avec l’espérance d’apaiser ta colère par notre sincérité. C’est nous qui avions résolu de te faire la guerre ; mais c’est nous aussi qui avons conclu à te demander la paix. Nous n’ignorons point que Montézuma s’efforce de te détourner de notre alliance : écoute-le comme notre ennemi, si tu ne le considères pas comme un