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informé qu’il n’avait point encore fait de préparatifs pour la guerre.

Cependant les délais affectés de Cortez causaient beaucoup d’inquiétude au sénat tlascalan, qui croyait ne les pouvoir attribuer qu’aux intrigues des ambassadeurs mexicains. Les sénateurs prirent la résolution de se rendre au camp des Espagnols pour les convaincre de leur affection, et de ne pas retourner dans leur ville sans avoir déconcerté toutes les négociations de Montézuma. Ils partirent avec une nombreuse suite, et des ornemens dont la couleur annonçait la paix : chacun était porté dans une sorte de litière sur les épaules des ministres inférieurs. Magiscatzin, qui avait toujours opiné en faveur des étrangers, était à la tête, avec le père de Xicotencatl, vénérable vieillard que son grand âge avait privé de l’usage des yeux sans avoir affaibli son esprit, qui faisait encore respecter son sentiment dans les délibérations. Ils s’arrêtèrent à quelques pas du logement de Cortez ; et le vieil aveugle, étant entré le premier, se fit placer proche de lui, et l’embrassa avec une familiarité noble et décente ; ensuite il lui passa la main sur le visage et sur différentes parties du corps, comme s’il eût cherché à connaître sa figure par le sens du toucher au défaut de ses yeux, qui ne pouvaient lui rendre cet office. Cortez fit asseoir autour de lui tous les sénateurs, et reçut dans cette situation un nouvel hommage de la république par la bouche de ses chefs. Si leur