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entrer dans la ville qu’ils n’en avaient eu pour se maintenir dans le pays des Tlascalans au milieu de leurs nombreuses armées ; qu’on pouvait s’assurer de la paix sur sa parole, et qu’il irait à la ville aussitôt qu’il aurait dépêché des ambassadeurs que Montézuma lui avait envoyés. Ce discours, que son habileté lui fit jeter comme sans dessein, eut également son effet sur les ministres des deux nations. Xicotencatl se hâta de retourner à Tlascala, où la paix fut aussitôt publiée avec des réjouissances fort éclatantes. Les Mexicains, qui demeurèrent dans le camp, firent d’abord quelques railleries sur le traité et sur le caractère de ceux qui le proposaient. Ensuite, feignant d’admirer la facilité des Espagnols, ils poussèrent l’artifice jusqu’à dire à Cortez qu’ils le plaignaient de ne pas mieux connaître les Tlascalans, nation perfide, qui se maintenait moins par la force des armes que par la ruse, et qui ne pensait qu’à tromper par de fausses apparences pour le perdre avec tous ses soldats ; mais, lorsqu’il leur eut répondu qu’il ne craignait pas plus la trahison que la violence, que sa parole était une loi sacrée, et que d’ailleurs, la paix étant l’objet de ses armes, il ne pouvait la refuser à ceux qui la demandaient, ils tombèrent dans une profonde rêverie, dont ils ne sortirent que pour le supplier de différer de six jours son entrée dans Tlascala. Cortez paraissant surpris de cette demande, ils lui avouèrent que, dans la supposition de la paix, ils