Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être, suivant la conjoncture de Solis, parce qu’ayant reconnu la nécessité de la paix, son ambition lui faisait désirer que la république n’en eût l’obligation qu’à lui. Il avait pour cortége cinquante seigneurs des plus distingués, tous dans une magnifique parure. Sa taille était au-dessus de la médiocre, assez dégagée, mais droite et robuste ; il était vêtu d’une robe blanche ornée de quantité de plumes et de quelques pierreries. Les traits de son visage, quoique sans proportion, formaient une physionomie majestueuse et guerrière. Après quelques révérences, il s’assit sans attendre l’invitation de Cortez, et, le regardant d’un œil ferme, il lui dit qu’il se reconnaissait seul coupable de toutes les hostilités qui s’étaient commises, qu’il s’était imaginé que les Espagnols étaient dans les intérêts de Montézuma, dont il avait le nom en horreur ; mais qu’étant mieux informé, il venait se rendre entre les mains de ses vainqueurs, et qu’il souhaitait de mériter par cette soumission le pardon de la république, au nom de laquelle il se présentait pour demander la paix et pour la recevoir aux conditions qu’il leur plairait de l’accorder ; qu’il la demandait une, deux et trois fois, au nom du sénat, de la noblesse et du peuple, et qu’il suppliait le général d’honorer leur ville de sa présence ; qu’il y trouverait des logemens pour toute son armée ; que jamais les Tlascalans n’avaient été forcés d’en ouvrir les portes ; qu’ils menaient dans ces