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l’offre de recevoir des Espagnols dans leur ville, où ils promettaient de les traiter comme les frères de leurs dieux. Cortez, dissimulant la joie qu’il ressentait de ce langage, affecta de les laisser dans le doute de ses intentions. Il leur fit valoir la bonté qu’il avait de les écouter lorsqu’ils avaient mérité sa colère, et le penchant qu’il conservait encore pour la paix après une guerre injuste qui lui donnait sur eux tous les droits de la victoire. Cependant il promit de ne pas reprendre les armes, s’il n’y était forcé par de nouvelles offenses, et de laisser le temps à la république de réparer le passé par une prompte satisfaction. Il avait deux vues dans cette réponse : l’une de s’assurer en effet de la bonne foi des Tlascalans, et l’autre de prendre quelques jours pour rétablir sa santé.

À peine les ambassadeurs étaient sortis du fort, qu’on y vit entrer cinq Mexicains, qui se firent annoncer au nom de l’empereur Montézuma. Ils avaient pris des chemins détournés pour entrer sur les terres des Tlascalans ; et c’était à force de précautions qu’ils les avaient traversées sans obstacle. Montézuma, informé par la diligence de ses courriers de tout ce qui se passait à Tlascala, sentit redoubler ses alarmes en voyant une nation belliqueuse qui avait résisté tant de fois à toutes ses forces vaincue dans plusieurs batailles par un petit nombre d’étrangers. Il commençait à craindre qu’après avoir soumis ces rebelles,