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lement ; mais au signal de l’intrépide Ojéda qui fit retentir le nom de Saint-Jacques avec un cri terrible, les Castillans se firent jour au travers de ces barbares, et couvrirent en un moment la terre de morts ; le reste de leurs ennemis se sauva par la fuite, à la réserve de huit qui, n’ayant pu joindre les autres, se retirèrent dans une de leurs cabanes ; et se défendirent si vivement à coups de flèches, que les Castillans n’en osaient approcher. Ojéda leur reprochant d’être arrêtés par huit hommes nus, un d’entre eux s’élança, tête baissée, au travers des dards et des flèches, et touchait déjà au seuil de la maison, lorsqu’il fut frappé, au milieu du sein, d’un coup de flèche qui le fit tomber mort. Ojéda, furieux de la perte d’un si brave homme, fit mettre le feu de plusieurs côtés à la maison, qui fut consumée en un instant avec les huit guerriers : soixante prisonniers qu’on avait enlevés dans le combat furent envoyés aux vaisseaux ; et, pendant le reste du jour, on continua de faire main-basse sur tous les Américains qu’on put découvrir. Le lendemain, Ojéda s’étant saisi de la bourgade d’Yurbaco, n’y trouva que des maisons nues et désertes ; tous les habitans s’étaient retirés dans les montagnes avec leurs familles et tous leurs biens : ces apparences de consternation portèrent trop facilement les vainqueurs à se disperser ; les habitans, qui les observaient de leur retraite, jugeant que dans cette séparation ils auraient peine à se rassembler, fondirent