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loin d’approuver la délibération de ses maîtres, répondit à leur envoyé que son armée était le véritable sénat, et qu’il aurait soin de soutenir la gloire de sa nation, puisqu’elle était abandonnée par les pères de la patrie. Quoiqu’il fût désabusé de la folle opinion qu’il avait conçue du raisonnement des magiciens, il n’avait point encore perdu l’espérance de forcer pendant la nuit les étrangers dans leurs murs. Il attribuait sa dernière disgrâce à l’imprudence qu’il avait eue de les attaquer sans avoir fait reconnaître la disposition de leur camp ; et, dans cette idée, il résolut d’y envoyer quelques espions, avec ordre d’en examiner toutes les parties. Les habitans des villages voisins, attirés par les présens des Espagnols, ne faisaient nulle difficulté d’y porter des vivres. Il choisit quarante soldats qu’il fit déguiser en paysans, avec des fruits, de la volaille et du maïs. Il leur recommanda d’observer les endroits par lesquels on pouvait attaquer la place avec plus de facilité. Les espions travestis entrèrent dans le camp, et y passèrent quelques heures ; ce fut un Zampoalan qui remarqua le premier la curiosité avec laquelle ils observaient la hauteur du mur. Cortez, qui en fut averti, se hâta de les faire arrêter. La force des tourmens en fit parler quelques-uns : il forma là-dessus un dessein qui lui réussit au-delà de ses espérances ; ce fut celui de feindre qu’il avait pénétré celui de Xicotencatl par des lumières supérieures aux