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par la nouveauté de ce bruit. Une charge à laquelle les Tlascalans s’attendaient si peu acheva de les mettre en fuite, et le jour ne revint que pour montrer le nombre des morts et des blessés qu’ils avaient laissés, contre leur usage, au pied du rempart. Les Espagnols perdirent un Zampoalan, et n’eurent que deux ou trois soldats blessés ; ce qu’ils regardèrent comme un miracle à la vue de l’effroyable quantité de flèches, de dards et de pierres qui était tombée dans l’enceinte de leur quartier.

Leur joie n’eut d’abord pour objet qu’une victoire qui leur avait si peu coûté ; mais elle augmenta beaucoup en apprenant des prisonniers quelle avait été l’espérance de leurs ennemis. Cortez ne douta point que la réputation qu’il devait se promettre d’un événement de cette nature ne servit plus que la force des armes au succès de ses desseins. En effet, tous les sénateurs de Tlascala, croyant reconnaître dans ces invincibles étrangers les hommes célestes qui étaient annoncés par leurs prophéties, craignirent de s’attirer les derniers malheurs en rejetant plus long-temps leur amitié. Ils commencèrent par sacrifier à leurs dieux une partie des magiciens qui les avaient trompés, comme des victimes de propitiation pour apaiser le courroux du ciel. Ensuite, pensant à nommer des ambassadeurs qui devaient être chargés de négocier la paix, ils envoyèrent d’avance un ordre exprès à Xicotencatl de faire cesser toutes sortes d’hostilités. Ce fier Américain,