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gnols étaient des enfans du soleil, produits par l’activité de ses influences sur la terre des régions orientales ; que leur plus grand enchantement était la présence de leur père, dont la puissante ardeur leur communiquait une force supérieure à celle de la nature, qui les faisait approcher de celle des immortels ; mais que, l’influence cessant lorsque le soleil déclinait vers le couchant, ils s’affaiblissaient alors et se flétrissaient comme l’herbe des prairies ; d’où les magiciens inféraient qu’il fallait les attaquer pendant la nuit, avant que le retour du soleil les rendît invincibles. Le sénat donna de grands éloges à cette découverte, et se flatta d’une victoire certaine. Quoique les combats nocturnes fussent opposés aux usages de la nation, l’ordre fut donné à Xicotencatl d’attaquer le camp espagnol après le coucher du soleil. Heureusement que la vigilance de Cortez n’était jamais en défaut. Il avait des postes avancés et des sentinelles dans l’éloignement : il faisait faire exactement les rondes ; les chevaux étaient sellés pendant toute la nuit, et les soldats dormaient armés. Le soir, avant la nuit qu’on avait marquée pour l’attaque, les sentinelles découvrirent un gros d’ennemis qui s’avançaient à petits pas vers le camp, dans un silence qui ne leur était pas ordinaire. Cortez en fut averti ; quoiqu’il ignorât encore leur dessein, non-seulement il donna ses ordres pour la défense, mais il recommanda qu’à leur exemple le silence fût observé à tous les postes. La con-