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mutins près de sa personne, autant pour s’assurer d’en être entendu que pour se les concilier par cette apparence de distinction et de faveur. Le discours qu’il leur tint fut à peine achevé, qu’un factieux des plus emportés éleva la voix, et dit à ses partisans : « Mes amis, le général nous consulte ; mais, en nous demandant le parti qui nous reste à prendre, il nous l’enseigne : je crois, comme lui, qu’il est impossible de nous retirer sans nous perdre. » Tous les autres entrèrent dans le même sentiment, et reconnurent l’injustice de leurs plaintes.

D’un autre côté, la nouvelle déroute des Tlascalans avait jeté tant de consternation dans la ville, que le peuple y demandait la paix à grands cris. Les plus timides proposaient de se retirer dans les montagnes avec leurs familles ; mais la plupart, persuadés que les Espagnols étaient des dieux , voulaient qu’on se hâtât de les apaiser par des adorations. Le sénat, s’étant assemblé pour chercher quelque remède aux malheurs publics, conclut que les merveilleux exploits des étrangers devaient être l’effet de quelque enchantement, et cette idée le fit recourir aux magiciens du pays pour détruire un charme par un autre. Ces imposteurs furent appelés ; ils déclarèrent qu’ayant déjà raisonné sur les circonstances, ce qui paraissait obscur aux sénateurs était d’une extrême clarté pour eux ; que, par la force de leur art, ils avaient découvert que les Espa-