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un aigle d’or fort élevé, qui n’avait point encore paru dans les autres combats, et que les Tlascalans ne portaient pour enseigne que dans les plus pressantes occasions : ils semblaient courir plutôt que marcher. Cortez, les voyant à la portée du canon, fit faire une décharge générale qui ralentit beaucoup cette ardeur. Cependant, après avoir paru quelque temps arrêtés par la crainte, ils reprirent courage pour s’avancer jusqu’à la portée des frondes et des arcs ; mais ils furent arrêtés une seconde fois par de nouvelles décharges de l’artillerie et des arquebuses, dont chaque coup faisait de larges ouvertures dans leurs rangs. Le combat dura long-temps sous cette forme, avec peu de dommage pour les Espagnols, qui voyaient tomber à leurs pieds les flèches et les pierres, tandis que leurs boulets et leurs balles portaient le désordre et la mort dans tous les bataillons ennemis. Cependant un gros de soldats, comme transporté de fureur, s’approcha jusqu’au pied des batteries, et commençait à causer de l’inquiétude à Cortez, lorsque, la confusion se répandant plus que jamais dans le corps de leur armée, on y remarqua divers mouvemens opposés les uns aux autres, qui aboutirent à une retraite sans désordre pour ceux qui composaient l’arrière-garde, et qui se tournèrent bientôt en fuite pour ceux qui combattaient dans les postes avancés. Alors Cortez les fit charger avec l’épée et la lance, mais sans permettre à ses gens de s’écarter