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fit dire « qu’il n’avait pas voulu leur donner la mort, afin que les Espagnols apprissent d’eux quelles étaient ses dernières résolutions ; que le lendemain, au lever du soleil, ils le verraient en campagne avec une armée innombrable ; que son dessein était de les prendre tous en vie, et de les porter sur les autels de ses dieux pour leur faire un sacrifice du sang et des cœurs de leurs ennemis. » Ensuite, joignant la raillerie à cette réponse, il fit porter au camp espagnol trois cents poulets d’Inde et autres provisions, afin que les ennemis de ses dieux, faisait-il dire à Cortez, ne s’imaginassent point qu’il aimait mieux les prendre par la faim que par les armes, et qu’après avoir bien mangé, leur chair dont il voulait faire un grand festin, fût d’un goût plus savoureux. Cette raillerie accompagnée d’un présent de vivres ne dut pas déplaire aux Espagnols ; et Cortez profita de l’avis qu’il avait reçu pour se disposer à tous les événemens. Il prit avantage de la nature du terrain pour former plusieurs batteries, et ses bataillons furent distribués suivant l’expérience qu’il avait de la méthode des Tlascalans. À la pointe du jour, on vit en effet la campagne inondée d’ennemis, qui devaient avoir fait beaucoup de diligence pour s’être approchés du camp dans l’espace d’une nuit. Cette armée montait à plus de cinquante mille hommes : c’était le dernier effort de la république et de tous ses alliés. On découvrait au centre